Trente ans après avoir quitté son petit village déshérité de Béni Chiker (Nador) à l'âge de 4 ans pour rejoindre son père, ouvrier immigré en France, dix ans de militantisme au Parti socialiste et de mandats locaux, la franco-marocaine Najat Vallaud Belkacem est propulsée au devant de la scène politique française, après son entrée dans le gouvernement du nouveau président socialiste François Hollande.
La nouvelle ministre des droits de la femme, porte-parole du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, se retrouve, à 34 ans et vierge de toute expérience gouvernementale, première membre d'un gouvernement français, né au Maroc de parents tous deux marocains et qui a attendu sa majorité de 18 ans pour prendre la nationalité française.
Rachida Dati, l'ancienne ministre de la justice du président Sarkozy, à laquelle elle refuse qu'on la compare, était elle, de parents maroco-algériens et née en France.
Après l'enfant terrible de la littérature marocaine, le regretté Mohammed Choukri, Mme Belkacem fera son entrée, à son tour, au Panthéon des enfants illustres de Béni Chiker, mais dans l'aile des politiques et sous les ors des palais de la République française.
Celle qui a toujours refusé d'être enfermée dans le carcan de fils d'immigré ou d'arabe de service que les partis politiques français réservent aux enfants de l'immigration, ou de se cantonner dans des engagements dictées par ses origines, n'aura pas totalement résisté à l'appel des racines.